Voici mon histoire!

Nous sommes très heureux d’accueillir des nouveaux membres à notre famille Recovery Talks. Nous tenions à souhaiter le bienvenu à Ghislaine Provost, qui par son premier billet nous touche et nous inspire. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Bonjour, mon nom est Ghislaine Provost. J’ai entendu parler de ce blogue par Linda Lee Ross et je suis très contente de pouvoir partager mes réflexions et mon vécu avec les gens.

Je suis née dans un petit village en bordure du fleuve St-Laurent. C’est vers l’âge de 5 ans que j’ai vu que ma mère était malade. Elle dormait tout le temps, elle me manquait déjà beaucoup. J’ai le souvenir d’un grand espace de silence autour de moi et d’un père qui m’effrayait. J’avais trois frères dont un, tout bébé, qui pleurait beaucoup. Il est mort à l’âge de neuf mois, d’une malformation cardiaque. J’étais très jeune, mais il m’a beaucoup manqué.

J’adorais ma mère. J’ai lu tôt dans le regard de mes tantes que ma mère souffrait d’une maladie honteuse. Elle était schizophrène. Elle était souvent hospitalisée et nous, les enfants, étions dispersés chez nos tantes. Parfois j’arrivais à la maison après l’école et il n’y avait que du vide. Ma mère n’était pas là et personne ne nous expliquait pourquoi. C’est ce silence qui m’a beaucoup marquée. Il m’habite encore. Je suis devenue une enfant anxieuse, j’avais toujours peur que ma mère disparaisse.

À l’âge de seize ans, j’ai perdu ma mère. Elle a été tuée par un automobiliste ivre au volant. Ce jour-là, tout est devenu noir, mon adolescence a pris fin. J’aurais tout fait pour ma mère, je l’adorais et maintenant je l’avais perdue pour toujours. Le silence est devenu assourdissant.

À l’âge de dix-neuf ans, j’ai commencé mes études à l’université. Les études m’ont en quelque sorte sauvée, mais je continuais à chercher ma mère dans la foule, une femme petite, avec de longs cheveux noirs bouclés, de grands yeux bruns.

Après mes études, j’ai commencé à enseigner la littérature dans un collège. Je suivais les traces de ma mère qui avait aussi été enseignante. Puis, j’ai eu des enfants. Les élever toute seule a été très difficile mais j’ai connu le grand bonheur d’être mère. Aujourd’hui, mes fils sont adultes et je les aime plus que tout.

Il y a environ 8 ans, je suis tombée très malade, j’ai fait une dépression majeure et je me suis retrouvée à l’hôpital. Depuis ce temps, j’ai fait plusieurs thérapies à l’hôpital, J’ai reçu le diagnostic de maladies bipolaires et troubles anxieux généralisés. À ce moment-là, après avoir travaillé pendant trente ans, j’ai démissionné de mon emploi. J’ai vécu une période très difficile.

Aujourd’hui, je lutte encore contre la dépression et l’anxiété. C’est un combat quotidien. Je souffre encore du sentiment d’abandon. Mais depuis 3 ans, j’ai le bonheur de participer aux ateliers d’art Les Impatients du Centre Wellington. Ça met de la couleur et de l’espoir dans ma vie. Je participe aussi à un programme au centre, ce qui diminue mon isolement. Je suis également impliquée dans un projet vidéo qui me permet de briser le silence et de partager un peu de moi avec les autres participants. C’est une nouvelle aventure!


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Posted in Non classé, hope, lived experience.

Posted on 29 Jul 2013, by Linda Lee Ross

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4 comments to Voici mon histoire!

  1. Sylvie Bouchard
    On Jul 31st 2013 at 09:26
    Reply

    Bonjour Ghislaine, merci beaucoup de nous avoir partagé ton histoire. C’est un superbe témoignage et une inspiration pour nous tous.

  2. Shiri Freiwald
    On Aug 1st 2013 at 10:47
    Reply

    C’est très touchant, merci de nous raconter votre histoire

  3. Diane Grenon
    On Aug 19th 2013 at 11:06
    Reply

    Très touchant! J’en ai les larmes aux yeux. Comme on voudrait prendre dans nos bras tous ces enfants qui souffrent en silence et les rassurer, pouvoir leur donner de l’espoir. Je vous envoie plein d’ondes positives. Je vous souhaite d’avoir beaucoup de bonheur!

  4. Liette Desjardins
    On Aug 30th 2013 at 08:14
    Reply

    Merci Ghislaine pour ce témoignage. J’apprécie vraiment. Au Crossroads, encore hier, les participants au groupe parlaient de combien le regard est différent envers les personnes souffrant de maladie mentale lorsqu’on en connaît un peu plus sur leur passé, leurs passions et leurs aspirations. Continuez votre engagement.