Les proches, la famille et le rétablissement

Depuis les années 80, le concept de rétablissement a été redéfini.

Mais que veut-on dire au juste par rétablissement ? Est-ce que ce concept signifie quelque chose de concret pour la famille et les proches de personnes aux prises avec un trouble de santé mentale ?

Sur le site web de l’Institut Douglas, on retrouve la définition suivante que donne William Anthony du rétablissement :

«C’est une démarche personnelle et unique, visant à changer l’attitude, les valeurs, les sentiments, les objectifs, les capacités et/ou les rôles de chacun. C’est la façon de vivre une vie satisfaisante et utile, où l’espoir a sa place malgré les limites imposées par la maladie. Pour guérir, le malade doit donner un nouveau sens à sa vie, et passer outre aux effets catastrophiques de la maladie mentale». [..]

En 2004, lors d’une conférence aux Etats-Unis (National Consensus Conference on Mental Health Recovery and Mental Health Systems Transformation), une centaine d’experts provenant de diverses organisations en santé mentale (incluant des personnes ayant fait l’expérience de la maladie mentale ainsi que des familles proches-aidantes) ont conclu qu’il existait dix composantes essentielles au rétablissement. On peut lire une brève description de chacune de ces composantes sur le site de Samhsa, une agence gouvernementale aux Etats-Unis.

La famille et les membres de l’entourage, par leurs attitudes et leurs comportements, peuvent aussi contribuer au rétablissement. En prenant appui sur les dix composantes essentielles au rétablissement (identifiées lors de la conférence), je vous propose ici une exploration du rôle que peuvent jouer les proches et la famille auprès du proche en rétablissement.

1.La reconnaissance de l’autonomie : en tant que proche-aidant , est-ce que je respecte les choix et les objectifs du proche en rétablissement ? Est-ce que je sais reconnaître les passions, intérêts et les aspirations du proche ? Est-ce que je soutiens les choix du proche qui découlent de la reconnaissance de ces forces et aspirations ?

2.La reconnaissance du parcours unique et individuel de chacun : est-ce que je respecte le parcours unique et le rythme du proche en rétablissement ?

3.Empowerment : est-ce que j’encourage le proche en rétablissement à s’impliquer, à donner son point de vue, à prendre ses propres décisions ? Est-ce que j’encourage le proche à reprendre le contrôle de sa vie ?

4.Aspect holistique du rétablissement : est-ce que moi-même, en tant que proche-aidant, je prends soin de moi en nourrissant divers aspects essentiels de ma vie : santé mentale et physique, alimentation, spiritualité, importance des amis et du réseau social, etc ? Est-ce que je suis conscient que par mes propres choix de vie, je peux être une inspiration pour le proche en rétablissement ?

5.Aspect non linéaire du rétablissement : est-ce que je peux considérer une crise non comme un échec, mais comme une expérience qui amènera le proche en rétablissement à faire des choix différents dans le futur, à grandir, à apprendre de ces expériences parfois difficiles.

6.Importance de mettre l’accent sur les forces : est-ce que je mets l’accent sur les forces du proche en rétablissement, sur sa résilience plutôt que sur les problèmes rencontrés jusqu’à ce jour ?

7.Importance du réseau : est-ce que j’encourage le proche en rétablissement à rencontrer des gens, à créer des liens, à être actif dans la communauté ?

8.Respect : est-ce que je respecte la personne aux prises avec un trouble de santé mentale ? Est-ce que je pose des actions pour mettre fin à la discrimination dans mon entourage, dans ma communauté ?

9.Responsabilité : est que moi, en tant que proche-aidant, je connais la différence entre aider et sauver ? Est-ce que je reconnais que le proche souffrant a lui aussi une responsabilité envers son propre rétablissement et que cette responsabilité je ne peux pas la prendre pour lui ?

10. L’espoir dans le rétablissement : est que j’ai une attitude positive face au rétablissement du proche ? Est-ce que je sais être source d’espoir dans les moments de découragement ?

En tant que famille proche-aidante, il est souvent très difficile d’y arriver seul. Depuis 2011, à l’Institut Douglas, plusieurs proches et membres de famille de patients ainsi que les patients eux-mêmes ont participé à des groupes de psychoéducation familiale. Dans ces groupes, un professionnel de la santé, les patients et leurs proches se rencontrent de façon régulière et collaborent ensemble au rétablissement de la personne souffrant d’un trouble psychotique.

Les organismes communautaires de soutien aux proches de personnes atteintes d’un trouble de santé mentale peuvent aussi donner aux familles et aux proches des outils et des formations adaptées à leurs besoins. Ces ressources permettent à la famille et aux proches de contribuer au rétablissement. Sur le site http://www.avantdecraquer.com/ vous trouverez la liste des organismes communautaires de soutien aux proches et à la famille.

Sylvie

Photo : Neets & Dre, Sculpture sur bois : Susan Lordi


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Posted in Soutien aux familles, rétablissement.

Posted on 19 Mar 2013, by Sylvie Bouchard

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