Il y a un peu plus d’un an, ma fille recevait un diagnostic de cancer (Lymphome de Hodgkin). J’avais déjà parlé de cette nouvelle dans notre cocon familial, comme d’un coup de 4 roues dans la face.
À la lecture de son billet sur la fameuse question « Comment ça va? », publié au Cancer Fight Club, je ne peux m’empêcher de revisiter le chemin particulier de son rétablissement jusqu’à présent. Elle témoigne bien de cet art que doivent développer les personnes atteintes d’un cancer. L’art de discerner ce que la personne en face de soi veut vraiment savoir… et ce que l’on veut vraiment dire.
Le stigma associé au cancer est un cousin pas si lointain de celui de la maladie mentale et sans vouloir minimiser ce qu’elle a vécu, je peux faire des liens avec celui des personnes fréquentant le Crossroads. Je me rappelle ces témoignages d’hésitation, de peur presque qui habite les membres de l’hôpital de jour lorsqu’on leur pose cette fameuse question: « Comment ça va? ». Une question toute simple, une forme de politesse mais qui devient un écho d’un malaise plus complexe pour celui qui la pose et celui qui répond.
J’ai beaucoup d’admiration pour ma fille et je sais que j’ai voulu être un de ses piliers durant sa maladie, comme je veux l’être pour ceux qui fréquentent l’hôpital. Mais avec eux, c’est plus facile; avec eux, je fais partie de la solution. Avec ma fille et l’affection que je lui porte, je fais parfois partie du problème.
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Publié le 20 juin 2013
Le 20 juin 2013 à 13:53
Ce questionnement me touche beaucoup. J’ai lu aussi le texte de votre fille. En ayant la générosité de partager ce qui vous habite, vous nous amenez toutes les deux à plus de maturité et de profondeur. Merci.
Le 20 juin 2013 à 14:48
Merci pour les bons mots, je les lui tranmettrai. Liette
Le 21 juin 2013 à 16:59
Merci à vous pour votre message. C’est très apprécié.
Léa
Le 27 juin 2013 à 06:52
Bonjour je suis très touchée par votre témoignage.
Je travaille depuis fort longtemps en relation d’aide et le diagnostique d’un cancer du sein agressif est tombé pour moi il y a 3 ans avec deux années de traitements. Le cancer devient une bataille physique certes,mais psychique sinon plus. Les remises en question, le sentiment d’impuissance face à une vie en suspend pour laquelle nous sommes habiletés à travailler des solutions aux différents problèmes avec notre clientèle, prend soudainement un autre sens.
Le coup de masse en pleine face je l’ai ressenti, l’anxiété et la dépression je l’ai vécu, de l’autre côté de la cloture je l’ai connu… Nous sommes si bons pour les autres et si handicapés parfois envers nous même pour accepter un temps d’arrêt que nous n’avons pas choisi.Le cancer touche toutes les sphères de notre vie et particulièrement notre équilibre mentale avec tous les tracas monétaires et familiales.
Comment ça va ? La seule réponse qui a du sens pour moi est: Donnez moi le temps… Le temps d’accepter, le temps de m’adapter, le temps de prendre soin de moi, le temps de ne pas me sentir inutile et contre productive…
Dans une société ou tout va rapidement, vaut mieux aprivoiser pour soi-même le temps, la patience, le droit de s’accorder un répit sans culpabilité. En faire part à nos meilleurs amis afin de pouvoir mener ce combat du cancer le plus sereinement possible. Le cancer m’a beaucoup appris sur mes propres limites que je n’écoutais pas souvent, je suis devenue ma meilleure amie, je me suis libérée de la pression de performance sur tout les fronts que je m’imposait jour après jour. Je suis en rémission et sort de cette expérience grandie,j’ai recommencé à travailler en interventions et maintenant lorsque je dis à un client de s’accorder du temps et de se donner une chance, c’est aussi un petit clin d’oeil que je me fais.
Comment ça va? Je m’accorde du temps pour moi maintenant!!!
Le 27 juin 2013 à 11:43
Cela m’a fait du bien de vous lire. Comme je le disais, lorsque les gens sont malades, la réponse à « Comment ça va? » devient une difficulté de plus. « Donnez-moi du temps » est une bonne piste parce qu’en le demandant, on se l’accorde aussi à soi-même. Merci de partager une expérience aussi intime. Liette