Des baumes pour les cicatrices : l’art, l’humour, l’amour

Au début de l’année, Luisa, ergothérapeute de notre hôpital de jour, a demandé aux membres de choisir les ingrédients qu’ils désiraient avoir dans leurs vies pour une meilleure année.

Personnellement, j’ai les mêmes ingrédients pour faire face à la vie.    Tout comme je ramasse les anecdotes des patients et du personnel dans un journal particulier, j’essaie aussi de ramasser des références alternatives qui permettent de mieux comprendre ce qu’est la maladie mentale.  Pour ceux qui ont ce genre de problèmes, ces livres ne sont pas des lectures faciles mais représentent une baume.  En voyant illustré, imagé, écrit ce qu’ils vivent ou ont vécu, ils ressentent un réconfort.   Ils sont compris et reconnus dans leur expérience.

L’ART, L’HUMOUR, L’AMOUR, mes baumes pour les cicatrices.

Une série de bandes dessinées autobiographiques.   « Sutures » de David Small, Éditions Delcourt, 2010. L’enfance de David dans une famille dysfonctionnelle, la folie sur plusieurs générations. Stiches en anglais

« 12 mois sans intérêt » de Catherine Lepage, chez Mécanique générale, 2007.   Journal d’une dépression par une infographe de talent.

« Fun home » de Alison Bechdel, chez Denoel graphic, 2006.  Plusieurs points d’intérêts dont grandir avec des secrets de famille.  L’auteure revisite aussi ses journaux intimes et y retrace les  gestes compulsifs d’une période de sa vie.

« Tangles » de Sarah Levitt, chez Freehand books, 2010.   Les liens entre une mère développant l’Alzheimer et sa fille,  dans les stages du deuil causé par la maladie de sa mère.

Le prochain est un livre, « De Dieu et de la camisole de force » de Annie Gauthier, chez Rodrigol, 2003.   Cette maison d’édition donne la chance aux visiteurs du site web de lire un extrait choisi.   Juste avec cet extrait, on peut comprendre l’expérience de l’atterrissage forcée dans une urgence psychiatrique après un épisode maniaque ou une psychose.

Des vidéos proposés par des organismes communautaires sont à la fois efficaces et dérangeants.   1 on 4, Stigma avec un humour noir décapants, le témoignages de célébrités, ou de personnes souffrant de maladie mentale sont autant de façon pour Monsieur et Madame tout le monde d’être  touché.    Finalement, le meilleur pour moi de ce mélange d’art, d’humour et d’amour est le  « Le frère de M Caron » d’André Sauvé, sacré meilleur numéro d’humour en 2010 au Gala des Oliviers.   La peine de ce vieux angoissé par le départ de son frère touche particulièrement.

Dans des travaux faits sur l’ADN, les Dr Turecky et Meaney parlent de cette possibilité de changer le cour de maladies mentales prévisibles chez des enfants qui ont été victimes de carences sévères ou d’abus.   Même si on ne peut changer ce qui est arrivé, un changement pour le mieux à l’enfance pourrait laisser une trace plus profonde que les traumas subis auparavant.

Certains médicaments répareraient les « interrupteurs défectueux ». Mais un simple changement d’environnement pourrait donner des résultats intéressants, si l’on en croit les rats : le petit d’une rate peu affectueuse, si on le confie aux bons soins d’une mère adoptive qui le lèche beaucoup, finit par se développer normalement. Comme quoi le destin d’un petit rat ou d’un petit humain n’est jamais scellé dans son ADN. Extrait de l’article sur le site internet du Douglas

C’est ce que je cherche avec ces références d’art, d’humour, d’amour.   Faire du beau avec du compost.  Si jamais vous avez ce livre, cette image, ce poème qui vous réconforte, vous fait sourire ou vous touche, laissez-moi les coordonnées.   J’en ferai profiter les gens au Crossroads.

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Publié le 03 fév 2011