Migrations scolaires, le retour des oies blanches.

Pour Angela, Ashleigh et Frédérique

Avec le spectacle de l’envol des outardes pour le sud, vient une autre migration, celles des étudiants(es) en Soins Infirmiers.   Regard ornithologique sur ce périple à deux qui commence chaque automne.

Une définition de la migration consiste dans le déplacement, en groupe, d’animaux qui s’effectue régulièrement au cours des saisons.

Les origines de la migration au Douglas datent de 1896, des aides soignantes en formation y ont été aperçues.   Des étudiants en médecine de McGill, en 1900, sont venus ensuite au passage, pour des conférences sur le terrain.   Les colonies migratoires se sont multipliées après 1970, et les étudiantes de CEGEP, d’universités ont peu à peu mis le cap et la coiffe infirmière en direction de Verdun.

L‘espèce, le genre, la famille et l’ordre.   L’appariement stagiaire/préceptrice est délimité par plusieurs éléments.   La stagiaire est sensible à certaines espèces (pédiatrie, réadaptation, première ligne ou spécialité) et demande à migrer vers un milieu de stage particulier.   Dans le genre auquel j’appartiens, la colonie hospitalière Douglas tente de se faire belle pour la famille institution scolaire McGill, en soignant son territoire.  La colonie tente ainsi d’attirer des stagiaires qui, après avoir vécu une période de nichement temporaire, choisiront de revenir sur son territoire pour débuter la nidation professionnelle.   On appelle ceci la parade de la rétention.      Elle forme alors un couple temporaire avec sa préceptrice qui lui fournit la nourriture intellectuelle et la protection.   La préceptrice, une espèce assez rare, répond généralement à son instinct d’engagement et d’enseignement car ceci fait partie de sa nature.   Elle est habituellement performante à experte.   La préceptrice garde le Nord et commente la technique de vol de l’oie blanche qui, de son coté, organise un fond sur lequel elle bâtit ses connaissances.

La traversée est un phénomène d’endurance. La colonie niche plusieurs professionnels de différentes espèces sur un espace assez restreint.   Avec des journées qui sont parfois trop courtes et denses pour trouver la nourriture pour les travaux de McGill, le couple n’est pas toujours heureux.   Le risque de fatigue est grand et la contrée est vaste.   Vaut mieux aussi que la préférence du choix de stage ait été respectée. Comme le disait mon étudiante, la maladie mentale, ce n’est pas très « glamour ».  Les infirmières qui rêvent de problèmes complexes et d’interventions s’imaginent mal en  psychiatrie.   Pas grand chose à faire. Être assise, jaser avec des drôles d’oiseaux.   Plusieurs « sitting ducks ».   Si tout se passe bien pour chacune des protagonistes, on voit des infirmières éclore.

Technique de vol et façons de se déplacer Lors des premiers vols, les stagiaires de première année se déplacent en troupeau et peuvent profiter du déploiement en V pour glisser sur l’élan de l’autre.   Elles s’informent mutuellement sur la colonie et s’indiquent les points de repères.   La dernière année d’étude exige, pour la survie de l’espèce, le vol en solitaire.   Deux sortes de vol sont alors possibles soit

  • le surplace ou l’élan répété:  Le bureau infirmier étant la niche écologique, certaines stagiaires se tiennent dans le nid ou très près de la mère l’oie, sa préceptrice.   Elles s’assurent de sa bénédiction avant de faire un geste.   La stagiaire réussit sa migration en augmentant peu à peu l’étendue de son territoire.
  • le vol solitaire à l’aveuglette, en éclaireur.   Ce type de stagiaire choisit le vol battu ou plané et s’aventure témérairement dans le ciel des patients et de l’organisation des soins.   Elle émet son opinion et a des envolées oratoires.  Elle se pose vers la fin de la journée auprès du nid pour clarifier le journal de bord ou revenir  sur une prise de becs.

Dans les deux cas et selon la rose des vents, des piaillements seront entendus au sujet du clivage, du contre-transfert ou en lien avec la pression atmosphérique des fins de session.

La respiration Chez la mère l’oie, l’élan répété de la stagiaire demande du souffle et de l’énergie en début de stage.   Au fur et à mesure que la stagiaire peut faire des liens entre les diverses expériences cliniques et décoder ce que sa préceptrice attend d’elle, la respiration passe de superficielle à abdominale et les deux peuvent voir que le vol prend de l’amplitude.   Avec les stagiaires qui volent l’aveuglette, la mère l’oie retient son souffle.   La respiration devient plus fluide au milieu du vol migratoire, après quelques escales dans le bureau.

Puis le nid se vide, jusqu’à la prochaine saison.   Les deux complices de cet élan migratoire se trouvent immanquablement transformées.   Elles perdent parfois des plumes mais prennent toujours du galon.


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Publié le 15 nov 2013

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2 commentaires à Migrations scolaires, le retour des oies blanches.

  1. diane lavallee
    Le 15 fév 2014 à 03:57
    Répondre

    J’APPRECIE AVOIR DE L INFORMATION AU SUJET DES MALADIES MENTALES
    CA COURT LES RUES A PROFFUSION DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES
    MERCI A VOUS ET BRAVO ENCORE
    DIANE

    • Liette Desjardins
      Le 15 fév 2014 à 12:00
      Répondre

      Merci Diane pour votre intérêt pour la Santé mentales et les maladies mentales.
      Sensibiliser la population à cette problématique est un des rôles de ceux qui oeuvrent auprès de ceux qui souffrent. Et ceux qui, comme vous, s’y intéressent viennent nous aider dans ce travail.
      Merci à vous,
      Liette