Bienvenue sur le web, Mme Desrosiers

« On pense que soigner les gens est naturel pour les femmes. Mais si vous êtes entre la vie et la mort, ce n’est pas la charité ou l’altruisme qui va vous sauver. »

Mme Desrosiers tire sa révérence après 20 ans à la barre de l’O.I.I.Q.   J’admire cette femme, un modèle de verve et de grâce dans mon imaginaire.   Depuis 2 décennies, elle régnait sur le sort du plus important ordre professionnel au Québec.   Important en nombre (72,000 infirmières comparés à 24,00 pour les avocats, ou 62,000 ingénieurs ou 21,000 médecins) mais surtout en solutions pour le réseau de la santé.   Voici une partie de ses réflexions parues dans le numéro de Chatelaine de novembre 2012.

J’ai appris tant de choses. En premier lieu qu’être infirmière est un combat féministe. Je sais, cela semble contradictoire ; la profession est encore perçue comme traditionnelle. À l’instar de plusieurs de mes collègues, j’aurais pu être médecin. Mais j’ai choisi d’être infirmière parce que j’aimais les malades, que je voulais cette proximité. Malheureusement, dans notre société, parler de la qualité de vie d’un malade, c’est moins glamour que de parler d’un nouveau scan. Je crois qu’il faut redonner de la noblesse aux soins.

J’ai parcouru le Québec en long et en large pendant des années. Arriver en région inuite ou dans un petit village éloigné et constater que l’infirmière y est le système de santé à elle toute seule, ça m’a permis de comprendre à quel point nous sommes au cœur de l’histoire. Nous avons de l’audace. Nous sommes des bâtisseuses de société. La profession est en train de changer. Les infirmières se spécialisent, deviennent praticiennes, évoluent constamment. Et ce n’est pas fini. Les plus jeunes ont plein de rêves. Elles  donnent de l’élan à la profession. Elles ne gagneront pas tout, tout d’un  coup. Ce sera difficile. Une infirmière, par définition, est une idéaliste.   Elle veut que le système de santé réponde à tous les besoins de tous ses patients. Mais l’expérience m’a appris qu’on gagne rarement un dossier en bloc. Il faut accepter d’y aller par étapes, sinon on risque la paralysie ou le découragement. Une petite victoire est tout de même une victoire. »

Elle laisse dans son sillon des réalisations importantes comme le Comité Jeunesse, la venue des I.P.S., une présence politique significative.    Elle a amorcé le dialogue aux tables de concertations pertinentes.   On doit faire mieux avec ce qui est en place.   Des pistes de solutions doivent devenir des routines dans les établissements pour aérer le système de santé,    À titre d’exemple, des gestes simples, porteurs de solutions ne sont pas accessible dans l’organisation des soins.   Une infirmière du triage devrait pouvoir, de façon autonome, faire les tests sanguins d’un patient qui prends du lithium et qui se présente à l’urgence avec un changement de l’humeur.   Elle devrait pouvoir demander une intervention psycho-sociale en attendant l’évaluation médicale, dans le respect du code de priorité.   Une infirmière experte devrait pouvoir demander à un pharmacien identifié dans le rétablissement d’un patient de prolonger momentanément la médication.   Nous ne voulons pas une plus grande place.   Il s’agit de réaménagements efficaces des dépenses de nos impôts.

Mme Desrosiers n’a jamais eu un discours de victime ou un regard romantique envers la profession.   Elle prônait l’affirmation de soi fondée sur l’estime de soi.   Annuellement, nous étions des témoins « live » de ses échanges incisifs et intelligents avec le ministre de la santé de l’époque, qui lui, ou elle, ne faisait que passer.   Elle savait tenir la dragée haute au ministre qui tentait de la mettre en boîte ou de la rassurer paternellement sur ses bonnes intentions.   Une occasion de rappeler notre pouvoir.   72000 professionnels qui influence la santé et le rétablissement de communautés.    Une infirmière pour chaque tranche de 111 Québécois.

Mme Desrosiers poursuivra son implication auprès de l’O.I.I.Q., durant la transition.   Elle siègera encore comme présidente dans le S.I.D.I.E.F. dont elle a été une des grandes instigatrices.   Elle voudrait aussi créer un blogue et parler de ses expériences.   Le web est spécifique et planétaire à la fois.   Contente que vous continuiez de prendre la parole.   Bienvenue sur le web, Mme Desrosiers, on vous écoute.

À la tête de l’O.I.I.Q., une autre présidente vient de faire son apparition, Mme Lucie Tremblay.   Avec un nom comme Tremblay, on peut s’attendre à ce qu’elle ait aussi de l’audace et qu’elle soit une bâtisseuse de société…


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Catégorisé dans Portrait, Soins infirmiers.

Publié le 09 nov 2012

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Un commentaire à Bienvenue sur le web, Mme Desrosiers

  1. Gyslaine Desrosiers
    Le 10 nov 2012 à 02:19
    Répondre

    Bonjour Mme Desjardins,
    Je vous remercie d’avoir pris la peine de souligner certains faits à l’occasion de mon départ de la présidence de l’OIIQ. Tant mieux si mon franc-parler et mon analyse aigue des maux qui affigent le système de santé aient pu vous inspirer. Moi aussi, je vais m’ennuyer de ce moment délicieux où j’interpellais le minstre de la santé devant les délegués et congressistes (+2000). La nouvelle présidente saura sûrement poursuivre sur cette trajectoire. J’en profite pour vous féliciter pour votre audace de blogueuse. Peu d’infirmières osent prendre la parole, pourtant il nous faut apporter notre vision sur l’agora. Gyslaine Desrosiers
    Merci d’avoir pris le temps de me répondre. Vous avez fait énormément pour la profession et je voulais prendre le temps de le souligner. Liette