Hôpital de jour Crossroads, juillet 2010.Nous étions assis autour de la table, les participants au groupe d’objectifs, ma collègue et moi, lorsqu’une des personnes a mentionné une difficulté de la maladie mentale : le regard des autres.
Plusieurs y sont allés d’exemples, d’expériences personnelles. Certains ont même confié avoir eux aussi pensé que c’est une question de volonté. « Si tu voudrais vraiment, tu t’en sortirais», « Essaie donc de te changer les idées. », « Tu dois être contente d’être en congé de maladie, essaie d’en profiter. » Le jour où ils ont eux-mêmes été atteints, la perception a changé.
Dans l’échange, les membres se sont retournés vers les intervenants en demandant : « Pourquoi on parle si peu de la maladie mentale? Le cancer, la sclérose en plaques, tout le monde en entend parler, alors pourquoi il n’y a pas autant de publicité pour les problèmes de santé mentale? »
J’ai été rassurée d’apprendre qu’ils ne me posaient pas réellement la question à moi. Parce que je n’ai pas de réponse. J’ai toujours apprécié les publicités à la télé, les journaux, trop rares à mon avis.Les émissions d’affaires publiques sont aussi des moyens de sensibiliser le public. Mais quel organisme communautaire a les moyens de faire des campagnes de sensibilisation? Peut être faut-il aussi vouloir voir. Vouloir entendre. Savoir.
Des exemples multiples mais peu de liens évidents. Il faut savoir aussi que la stigmatisation est plus forte en milieu urbain et chez les personnes ayant un niveau élevé d’instruction.
J’ai donc retracé ce que je savais comme étant des personnes publiques souffrant ou ayant côtoyé de près la maladie mentale et qui ont utilisé leur situation privilégiée pour sensibiliser la population à cette forme de maladie.
JK Rowling a clarifié à plusieurs reprises que c’est la dépression dont elle a souffert qui lui a inspiré les personnages des Détraqueurs.
« Les Détraqueurs comptent parmi les plus répugnantes créatures qu’on puisse trouver à la surface de la terre. Ils infestent les lieux les plus sombres, les plus immondes, ils jouissent de la pourriture et du désespoir, ils vident de toute paix, de tout espoir, de tout bonheur, l’air qui les entoure… Quand on s’approche trop près d’un Détraqueur, toute sensation de plaisir, tout souvenir heureux disparaissent… Celui sous son pouvoir ne garde plus en mémoire que les pires moments de sa vie.
Classé dans dépression, JK Rowlimg, Maladie mentale, MHCC, Revivre, Stigma.
Catégorisé dans Maladie mentale, Stigma, Vie quotidienne.
Publié le 06 juil 2010
Le 8 juil 2010 à 08:08
Merci Liette pour ces beaux moments de réflection que tu nous partages si généreusement!
Le 9 juil 2010 à 08:53
Merci, Liette, pour ce billet qui porte à réflexion.
Le 12 juil 2010 à 10:19
Bravo Liette pour ce message!
En effet, il n’es pas facile d’affronter la stygmatisation surtout dans un monde d’apparence et de performance. Avoir un problème de santé mentale c’est de devenir en marge de cette société. Mais est-ce que cette société est si nécessaire et importante?
Je crois qu’il faut s’arrêter et réévaluer nos besoins et nos valeurs. De mettre en perspective « soi », avec mes capacités, mes limites, mes forces, mes besoins, mes valeurs. Ce monde d’apparence et de performance n’est peut-être pas le seul monde et il ne me convient peut-être plus ou il ne m’a jamais convenu.
Ainsi remis en perspective, et après avoir réévalué mes besoins et valeurs, je pourrai recréer « mon monde » avec des gens qui m’aiment, m’apprécient et m’acceptent avec mes défauts, mes forces et ma maladie.
Gérard,
Le 13 juil 2010 à 10:37
Très juste Liette!
D’ailleurs le stygma ne se matérialise pas au travers ou par les conditions de logement ou d’hébergement que plusieurs de nos clients sont confrontés ou assujettis.
Qu’est-ce que la notion de rétablissement si l’on ne dispose pas d’un contexte résidentiel minimalement salubre, sécuritaire et abordable?