Dénoncer l’intimidation… par la violence

Dans les prochains jours, on ramènera à l’avant-plan le sujet chaud de l’intimidation. Cette fois-ci, ce sera suite à la sortie officielle du nouveau clip d’Indochine avec la magnifique chanson College Boy. Réalisée par le québécois Xavier Dolan (J’ai tué ma mère, Laurence Anyways), la vidéo d’une extrême violence fait déjà scandale chez les cousins Français. Le légendaire groupe français s’explique en disant vouloir dénoncer cette ultra-violence ainsi que le phénomène destructeur qu’est l’intimidation et non pas chercher à mousser l’intérêt pour le nouvel album.

L’histoire est tristement habituelle : un jeune homosexuel se voit devenir la cible d’actes violents perpétrés par ses collègues de classe. De la simple boulette de papier, l’escalade imaginée par Dolan nous amène jusqu’à la mort par balles, alors que la victime est crucifiée. Tout cela, toute cette montée de violence difficile pour le cœur, elle se passe devant des adultes qui se voilent le visage et se serrent les lèvres, alors que d’autres filment la scène avec leur portable. Témoins silencieux d’une descente aux enfers, ils sont aussi coupables que ces agresseurs aux visages pourtant angéliques.

Aussi malheureux que ce soit, ce scénario est un classique, hormis la crucifixion et l’exécution, bien entendu. Parce que dans la réalité, ce ne sont pas les collègues de classes qui appuieront sur la gâchette, mais bien souvent la victime elle-même. Épuisée, démolie et perdue dans ce tourbillon de violence, elle se grimpera elle-même sur la croix.

Nicola Sirkis, chanteur d’Indochine (et à mes yeux, un génie de la musique), se justifiait déjà, quelques heures après la sortie du clip, en affirmant que College Boy n’est pas un clip pour chercher le scandale, mais bien pour dénoncer cette violence tolérée, plus ou moins cachée mais surtout mal gérée, presque normalisée.

Oui, le clip de plus de 5 minutes est dur. Oui, cela fera circuler les noms de Dolan et Indochine sur le Net. Oui, on fait ici dans le sensationnaliste. On ne doit pas pour autant se fermer les yeux ou croire aux mauvaises intentions du groupe. Cette violence existe, au quotidien, pour des millions d’adolescents et de la montrer est important, aussi percutante soit-elle cette violence.

Par contre, ce que je déplore, c’est l’absence d’espoir dans l’interprétation que Dolan aura fait du texte de Sirkis. Bénéficiant d’une carte-blanche accordée par le groupe, le réalisateur n’a pas du tout ouvert la porte à un seul petit rayon de lumière.

Pourtant, la lumière est là.

Les victimes d’intimidation doivent savoir qu’on peut sortir de ce cercle infernal, les abuseurs doivent savoir qu’ils devront payer pour leurs actes et les témoins doivent savoir que de dénoncer sans hésiter ces gestes peut sauver une vie.

Oui, d’un point de vue artistique, le clip est magnifique, mais Dolan n’a pas tout à fait envoyé le bon message.

Il y a moyen de gagner la bataille et les jeunes ne devraient jamais l’oublier.

N.B. Par respect pour les personnes qui pourraient être choquées par la vidéo, elle ne sera pas montrée ici. Cependant, elle est accessible à partir d’une simple recherche sur le Web.

Photos tirées du site d’Indochine et Youtube.


Classé dans , , , , , , .

Catégorisé dans Intimidation.

Publié le 02 mai 2013

Répondre à Maman--concernée Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

11

3 commentaires à Dénoncer l’intimidation… par la violence

  1. Anne Quirion
    Le 2 mai 2013 à 16:30
    Répondre

    Ce qui me frappe dans ce clip, c’est l’esprit de meute qui est plus fort que tout. Certains spectateurs pleurent, mais ne font rien.

  2. Maman--concernée
    Le 4 mai 2013 à 08:21
    Répondre

    Je n’ai pas encore vu le clip, mais je veux partager notre expérience concernant ‘La lumière’. L’enfant intimidé peut rebondir s’il est bien entouré et prêt à travailler sur lui-même. En novembre 2005, mon fils, qui venait d’avoir 6 ans et qui avait une allergie grave, a été agressé par 3 enfants plus âgés qui l’ont forcé à ingérer un aliment très dangereux pour lui. Son allergologue m’a dit que c’est l’adrénaline de la peur qui lui a sauvé la vie, remplaçant celle de l’ÉpiPen. Parmi les petits témoins de cette scène, un seul a eu la présence d’esprit d’aller chercher de l’aide. Cet acte généreux a sauvé la vie de mon fils. Cet enfant qui est intervenu a reçu de belles récompenses à l’école. Mon fils a travaillé avec les intervenants en éducation spécialisée pour sortir peu à peu de sa position de victime… Quelques années plus tard, il a même travaillé à l’intégration sociale de jeunes élèves autistes à l’école. Il aura 14 ans cet été et il prend de plus en plus d’assurance dans la vie. Il réussit à se démarquer positivement grâce à certains talents qui impressionnent ses collègues de classe. Nous savons que la vie est un long chemin et que les défis de croissance nous suivent jusqu’au dernier jour de la vie terrestre. Nous tentons d’utiliser cet épisode de sa vie comme un tremplin, puisqu’il a permis à mon fils de développer des qualités de combattant qui sont essentielles pour relever les défis que la nouvelle génération doit relever. De mon côté, je m’implique en milieu scolaire pour développer l’harmonie entre les jeunes. Il faut garder l’espoir qu’un monde dépourvu de violence et d’exclusion est possible.

  3. Nancy Ann Poirier
    Le 10 mai 2013 à 09:57
    Répondre

    I would like to also point out that it is important to remember that the bully, in most cases, has also been bullied. Many times the bully is reenacting emotional and physical abuse that he is living in his own home. He may be witnessing abuse between a mother and father and he may be directly abused by his father or mother. He then reenacts this abuse at school and takes his anger out on his peers. The bully needs proper counseling and family therapy needs to happen in order to stop his behavior and to prevent future domestic violence in the bully’s future relationships. It will not stop the cycle of violence to further shame and humiliate the bully because of his behavior…his behavior needs to be understood and he needs help as well as the victim. He is shamed enough in his own home. My 10 yr old son was also bullied in school and he is now a peer counselor doing conflict management with bullies. He understands most of them come from abusive homes and therefore he is able to help them.