Une demande de rançon qui va trop loin

Intégrer l’idée d’une de rançon dans un concept publicitaire est un pari risqué, même lorsque la cause est honnête et l’idée louable. Retirées après seulement deux semaines, ces publicités commandées par le Child Study Center de la New York University ont semé la controverse. Elles abordent la maladie mentale chez les jeunes.

L’autisme, la dépression, la boulimie, le trouble obsessionnel compulsif ou le déficit d’attention étaient les cibles de cette campagne réalisée bénévolement par la prestigieuse agence BBDO.

Sous forme de notes de rançon, on s’adressait à la famille des personnes atteintes en illustrant différents aspects de la maladie mentale et en signant du nom du diagnostic.

C’est ainsi que l’autisme mettait en garde les parents en disant : « Nous avons votre fils. Nous nous assurerons qu’il ne puisse plus prendre soin de lui-même ou interagir socialement. Pour le reste de sa vie. » Signé par la boulimie : « Nous forçons votre fille à vomir après chaque repas. »


Jugeant que cela ne faisait qu’encourager la stigmatisation et confirmer des stéréotypes déjà difficiles à combattre, plusieurs personnes, dont des proches de personnes atteintes, ont manifesté leur désaccord.

On dit que le centre de recherche aurait reçu plus de 3000 courriels concernant cette campagne. Bien que certains saluaient l’audace d’une telle campagne, 70% réclamaient son retrait.

La sensibilisation par la polémique peut parfois être une recette gagnante. Pourtant, dans ce cas-ci, ce fut tout le contraire. J’admirais cette campagne pour la force avec laquelle elle plonge les gens au cœur de la maladie, en quelques mots. Pour y arriver, le fait de sortir des éléments-chocs ne devrait pas automatiquement être vu comme un renforcement des stéréotypes, mais plutôt comme une façon presque instantanée de véhiculer la souffrance de la personne malade, comme celle de ses proches aidants.

Annonceur : Child Study Center, New York University
Agence : BBDO – New York
Pays : États-Unis

Par Charles-Édouard Carrier


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Catégorisé dans Stigmatisation.

Publié le 26 mar 2013

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2 commentaires à Une demande de rançon qui va trop loin

  1. Anne Quirion
    Le 27 mar 2013 à 10:15
    Répondre

    Je suis d’accord, je trouve ces exemples de rançon percutants et touchants. Ils vont droits au but rapidement. Dommage qu’on ait été obligé de les retirer.

  2. Mathieu
    Le 27 mar 2013 à 14:45
    Répondre

    Bon, j’en fais une autre pour le plaisir…

    « Nous avons votre fille,

    Nous nous assurerons qu’elle ne puisse plus prendre soin d’elle-même, que les gens dans les lieux publique la regarde bizarrement et l’appel mongole à tous les jours, pour le reste de sa vie. »

    Trisomie 21

    Je suis moi-même papa d’une belle petite fille qui a la trisomie 21. Avant la venue de ma petite, j’aurais applaudit la publicité mais maintenant cette publicité vient de s’immiscer très profondément dans ma vie personnelle, elle touche à mes plus grandes craintes concernant MA fille. C’est ce qui est dérangeant.

    Je suis prêt à parier que ce sont les gens très proche d’une personne autistique, boulimique ou autre qui ont fait les plaintes.

    Comme vous dites, cette publicité est une « façon presque instantanée de véhiculer la souffrance de la personne malade, comme celle de ses proches aidants » et je suis d’accord avec votre affirmation par contre, je peux facilement comprendre les gens qui ont fait les plaintes.