Pourquoi l’art thérapie.

Trois rencontres personnelles avec l’art thérapie en ce printemps qui tarde.

J’ai revu Jean Marc, un clinicien qui m’avait aidé dans mes difficultés il y a quelques années et avec qui je fais un calendrier en groupe depuis plus de 10 ans.   J’avais besoin de lui pour parler de la fin du Crossroads, de ma maison. Parler aussi des projets que je mène et cette fine limite entre mettre mon énergie dans l’action et être décentrée.

En synchronicité, l’atelier de Francine est arrivé, dans le cadre des midis conférence au Douglas.   Un atelier expérientielle.

La poupée thérapeutique

Dans la salle, des matériaux simples: le gabarit d’une silhouette dessinée sur un carton rigide, avec le cercle pour la tête à coté de la silhouette.  On sépare les deux gabarits d’un coup de ciseaux et on met la tête de coté.   On prend ensuite des magazines et, à l’endos du carton, on colle les images que l’on a choisies.  On ne sait pas exactement quelle partie de l’illustration sera le bassin ou le poumon.   On colle.  On trouve ensuite le visage qui sera celui de notre poupée.  On colle ce visage sur le cercle du carton.

On découpe la silhouette et sa tête et on les colle ensemble. En retournant le carton, on a ce corps de poupée qui ressemble plus ou moins à ce qu’on avait imaginé.   On est surpris, parfois un peu déçu… car non, cela ne donne pas exactement ce qu’on avait imaginé.

L’art thérapie demande un abandon confiant.   On oublie la représentation de ce qu’on avait dans la tête, notre « modèle », et on accepte de regarder la poupée d’un oeil neuf, pour qu’elle donne ses indices.

J’avais une intention claire en allant à cet atelier.  Je voulais continuer d’explorer les pistes offertes  lors de ma rencontre avec Jean Marc soit le corps, le social et l’esprit.   La poupée produite m’a permis de clarifier un dialogue intérieur plus apaisant que l’agitation des changements.

L’esprit.   La feuille devant le visage me rappelle que le travail est une facette de moi, ce n’est pas moi.   D’où le besoin de garder une distance.   Peu importe les organisations, les divers systèmes qui le composent se heurtent et produisent de la rétroaction.
Le social.  Mettre les choses en relief.  Mes relations de travail sont, dans mon cas, imbriquées dans mes relations d’amitiés, familiales même.   Il faut recadrer.  La partie marocaine de ma poupée est en lien avec un cas clinique. Un rappel tout simple de la raison première du Douglas … les patients.
Le corps.   J’ai besoin d’entrain.   Mon corps vit de l’agitation et a besoin d’être rassuré.   Il veut se sentir bien là où il va, qu’il a une place. Chantonner en se rendant travailler malgré la machine est quand même agréable.  
D’autres pistes peuvent aussi être creusées.  Que peuvent dire les mots de la poupée qui se trouvent sur son épaule, sa main, son aine.  Le pied gauche, par exemple, porte le mot « Avo » de la publicité d’Avon. En jouant avec cette idée, j’apprends que ce mot signifie grand-père en esperanto…

Les images, comme les métaphores, permettent de s’éloigner de la perception convenue par notre esprit d’une situation, afin d’adopter un nouveau point de vue.   Explorer, se questionner.  Le clinicien art thérapeute éclaire de sa lampe de poche clinique les images qui résonnent chez le participant.  Un travail d’intuition et de réflexion qui peut amener une réparation.   Soigner autrement, entre les lignes.

Je vais revoir Jean Marc, au début mai, histoire de participer à un atelier de groupe d’une journée.  L’atelier s’appelle « Quoi de neuf ».  Je vais me prêter au jeu, à cet espace et cet expert avec sa lampe de poche.   Explorer d’autres pistes, trouver un sens, calmer mes inquiétudes.   Peut être vais-je retrouver l’entrain de mon grand-père rieur au détour de ce printemps qui tarde.


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Catégorisé dans Art brut, Créativité, Interventions, Portrait, Soins infirmiers, Travail en psychiatrie, Vie quotidienne.

Publié le 30 avr 2014

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2 commentaires à Pourquoi l’art thérapie.

  1. Gérard Lebel
    Le 30 avr 2014 à 12:15
    Répondre

    Wow Liette,

    Ta réflexion est juste et rappelle en effet que l’art permet ce détachement de soi et en même temps, par la métaphore, l’exploration du moi intérieur. Tes mots sont justes doux à lire !

    • Liette Desjardins
      Le 30 avr 2014 à 12:20
      Répondre

      Merci Gérard
      Je trouve que ce genre d’atelier est une belle opprtunité que nous offre le Douglas et des cliniciens comme Francine. C’est de ceci aussi que je veux me rappeler lorsque j’ai des dificultés avec les aléas d’un milieu de travail. En plus du feedback positif comme le tien, cela aide!