Dans les deux dernières semaines, le sujet de la respiration est venu sur le terrain du Crossroads à quelques reprises. Même les macarons cuisinés si amoureusement par un des membres lors d’une démonstration étaient dans le ton. La pâte de ces biscuits délicats est faite de meringue, qui incorpore, grâce au fouet, de l’air dans l’eau des blancs d’œuf.
Ce qui a surtout alimenté le souffle est la demande d’une des membres d’en apprendre un peu plus sur comment des exercices de respiration peuvent diminuer le stress.
Une respiration profonde, attentive, permet habituellement de diminuer les tensions. Lorsque ce genre d’exercice s’inscrit dans une routine, deux fois par jour à raison de 10 à 20 minutes chaque fois, des améliorations sont notées non seulement au niveau de la santé mentale mais aussi du corps physique. La tension artérielle diminue, le rythme cardiaque s’améliore, certaines personnes voient une diminution de leur syndrome prémenstruel ou des inconvénients en lien avec leurs ulcères gastriques, leur eczéma.
Relaxation pour tous?
« Au tout début, les personnes atteintes de schizophrénie pourraient s’apercevoir qu’elles semblent incapables de relaxer, de se concentrer ni de dormir. » A.C.S.M.
Il est particulier que dans certaines circonstances, la relaxation ait justement l’effet contraire. Cet extrait de l’information sur la schizophrénie montre bien le défi particulier qu’offre cette maladie en ce qui a trait à l’enseignement de la relaxation en groupe.
Lorsque le contact avec la réalité est plus fragile, que la personne entend des voix ou se sent épié ou traqué, il lui est très difficile sinon impossible de se prêter à l’exercice de se fermer les yeux, de n’écouter que sa respiration et de se mettre au neutre. Comme expérimenté au Crossroads lors d’essais de relaxation en groupe, les personnes psychotiques qui fréquentent notre service composent mal avec la proximité de l’autre, la vulnérabilité ressentie en fermant les yeux ou en laissant toute la place à « une pensée vide ». D’autres, habitués à un mode de vie ou ayant une nature toujours en mouvement, ressentent des picotements aux doigts, aux lèvres, une sensation d’étourdissement après l’exercice, ce qui les rend craintifs à recommencer ce genre d’exercice. On encourage généralement les gens à persévérer, à le faire régulièrement. Si l’exercice s’avère trop difficile, on explore alors d’autres pistes de relaxation, l’exercice physique, ou l’engagement dans l’action. Un clinicien, Jean Marc Péladeau, art thérapeute et intervenant auprès des endeuillés, m’a déjà fourni des tracés de lignes répondant à ce but. Diminuer la respiration haletante du stress en se centrant dans l’action, inspirez et expirez en traçant une forme continue à l’aide d’un crayon.
« Fear is excitement without the breath » ~Fritz Perls
Lorsqu’on peut se prioriser assez pour prendre quelques secondes pour respirer par le nez, notre corps nous le rend bien. Il se détend, se débarrasse de l’adrénaline et retrouve son centre. La relaxation peut aussi se faire en inspirant tranquillement par le nez, en dirigeant l’air au niveau du nombril pour ensuite retenir son souffle et en expirant par la bouche, toujours tranquillement. Un calcul , en comptant jusqu’à 5
Respirez pour relaxer
Les six éléments de base pour entrainer la « réaction de détente » 1. Choisir un lieu tranquille. 2. Adopter une position confortable, mais qui ne risque pas de susciter l’endormissement. 3. Fermer les yeux. 4. Relâcher graduellement les muscles, des pieds à la tête. 5. Respirer par le nez, puis à chaque expiration, répéter mentalement un mot ou une expression. Le choix du mot ou de l’expression n’a pas d’importance; on suggère de choisir un terme qui a du sens pour soi ou dont la sonorité est agréable. 6. Adopter une attitude passive, sans réagir aux émotions ou aux pensées qui pourraient surgir. À la fin de l’exercice, ouvrir lentement les yeux et attendre une minute ou deux avant de se relever.
Il est particulier que le sujet de la respiration ait été aussi présent à ce moment-ci de l’année. Un des membres du groupe ayant demandé que nous prenions une minute de silence pour les victimes du 11 septembre, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien entre cet instant de silence et la relaxation par la respiration.
Peut être est-ce un des dommages collatéraux de l’éloignement de la population à la pratique de la religion: la diminution des périodes de recueillement, des moments ou en groupe ou seul, on arrête notre course effrénée pour se centrer et respirer.
Un moment, une place pour le divin en nous.
Classé dans anxiété, Crossroads, groupe thérapeutique, interventions, observation, relaxation, schizophrénie, travail en psychiatrie.
Catégorisé dans Deuil, Groupe, Interventions, Maladie mentale, Santé mentale, Soins infirmiers, Travail en psychiatrie, Vie quotidienne.
Publié le 16 sept 2012
Le 21 sept 2012 à 18:17
J’ai longtemps fait du Tai Chi et la respiration est importante dans ce sport et mon maître nous disait que si nous touchions le ventre au niveau du plexus en respirant, que tout de suite le cerveau arrêtait de ¨parler¨ et tout le corps se mettait à respirer…sans penser à rien..Formidable…Aussi, j’ai déjà essayé de m’écouter respirer dans le bain, la tête sous l’eau, laissant le visage ressortir….et on entend SEULEMENT la respiration…plus de cerveau qui pense…juste notre respiration…envoûtant et le stress fond. Just a thought.
Le mot est juste, envoûtant. Comme si on devient juste le moment présent. Cela demande tout de même une discipline, pas toujours facile à respecter. Liette