Le triage de la détresse psychologique en urgence générale

L’article principal dans « Perspectives infirmières » de janvier/février 2010, en est un sur l’Échelle de Triage et de Gravité en Santé mentale.  Cette échelle permets aux cliniciens spécialisés dans l’évaluation de la détresse en urgence de connaître la vision des infirmières d’urgences générales, qui elles ont plus ou moins d’expérience avec cette clientèle. Cela aura donc pris 10 ans pour que le dialogue amorcé par une équipe d’infirmières en urgence psychiatrique s’étende jusqu’à devenir propos d’une recherche clinique dans une revue spécialisée.

ETG : Échelle de triage et de gravité.

Il s’agit d’une échelle de symptômes et l’identification de variables permettant aux infirmières travaillant dans les urgences de trier les patients à leur arrivée. Après des interventions, elles identifient ensuite une aire d’attente, de surveillance et de traitement. L’ETG est utilisée continuellement lors des réévaluations et ce jusqu’à la prise en charge par le médecin et l’équipe de l’Urgence ou la réorientation vers un autre service, ressource.

Un peu d’Histoire

Champs de bataille, Guerre mondiale. Un soldat spécialisé, avec ou sans aide, identifie en terme de priorité les blessés qu’il évalue. 1 à 5. Il rassure, l’aide s’en vient. Il reste avec certains jusqu’à ce qu’ils meurent si cela ne dure pas trop longtemps. Les troupes médicales le suivent et s’occuperont du reste.

Australie, Années 70s. Bien que la façon de trier par priorité devienne de plus en plus la norme dans les situations d’urgences, l’aspect psychologique est mal évalué. Une équipe intéressée par ce sujet convient de modalités pour une priorité selon des symptômes psychiatriques.

Ontario, fin des années 80. Un enfant, victime d’un coup à la tête dans une partie de soccer se présente à l’urgence avec sa mère. Il meurt dans la salle d’attente, victime d’une hémorragie cérébrale. Le coroner demande l’adoption immédiate de modalités de triage pour chaque établissement public canadien doté d’une urgence, avec responsabilités professionnelles et élaboration de compétences. L’ETG canadien est né de ces travaux.

Québec. 1999. L’OIIQ établit le champ de compétences des infirmières en matière d’évaluation en urgence. Avec plusieurs partenaires dont le Ministère Santé et des Services Sociaux (MSSS) et le Collège des médecins, on assiste à l’implantation de la fonction « Triage » en urgence. Introduction des ordonnances collectives, on donne du « tylenol » aux fiévreux, on anticipe les besoins. Toutefois, les expertes du triage extrapolent peu sur les cas psychiatriques, clientèle moins fréquente et non « adaptée » au système de l’urgence.

Douglas 2000. L’ETG canadien ne répond pas au besoin de la psychiatrie parce qu’il n’est pas assez spécifique, d’un autre coté, certaines infirmières tentent d’établir des critères d’évaluation et en discutent. Doit-on prioriser une personne démente dans une salle d’attente avec une personne halluciné? qu’en est-il pour les personnes avec un trouble de personnalité qui savent mal attendre ?

Douglas 2003 . Développement d’un Code d’Évaluation et de Priorités en Urgence Psychiatrique (CEPUP) par des infirmières de l’Urgence, à l’aide d’une recherche clinique. En même temps, au Québec, la loi 90 vient légiférer sur des actes pouvant être accomplis par des professionnels non médicaux et visant, entre autres, à améliorer la fluidité dans les urgences. On peut réorienter les patients Priorité 4, Priorité 5 avec la bénédiction des organisations dotés de ces mécanismes.

Québec 2005. Suivi par le MSSS de l’implantation de l’ETG avec des rencontres à travers la province. Des experts en pédiatrie, en psychiatrie, en cardiologie, etc. visitent le Québec. En plus du besoin pour des améliorations pour l’ETG pédiatriques, les infirmières partagent leur réticence envers les patients psychiatriques. Elles ne se sentent ni compétentes ni organisées pour répondre aux besoins de cette clientèle. Bien que reconnaissant le CEPUP comme un bon début, l’outil, trop spécifique, nécessite l’expertise d’infirmière en santé mentale, non de celle d’infirmière en urgence.

Douglas 2006. Un groupe d’experts pan canadien vise à établir les modalités d’élaboration et de validation d’un ETG en santé mentale. Cela comprend les demandes de subvention pour la recherche, la revue de littérature, l’identification des chercheurs et des organismes impliqués. D’ailleurs, 244 infirmières d’urgence générale répondent généreusement à un questionnaire sur leur expérience envers le triage psychiatrique en urgence. Début des travaux sur la formation du personnel infirmier.

Cité de la Santé 2008. Des infirmières de l’urgence et des patients psychiatriques acceptent, avec l’aide d’experts, de valider la justesse et l’efficacité de l’ETG en Santé mentale proposé. Une formation préalable pour les infirmières en aval, des groupe à focus en amont précise la recherche et le besoin en outils. Au Douglas, via BCEF, une formation sur mesure de 8 heures ou de 4 heures sur la problématique psychiatrique est offerte au personnel infirmier oeuvrant en urgence générale.

Aujourd’hui.

Peu importe la source, la recherche est formelle : pas de changement significatif pour les patients psychiatriques en urgence sans formation du personnel clinique et leurs partenaires, sans réflexion sur l’organisation des soins de cette clientèle vulnérable. Les travaux se poursuivent, publier est une des étapes, comme partager les résultats sur l’outil au Congrès de l’Association des infirmiers et Infirmières d’Urgence (AIIUQ) à Montréal, en avril prochain. Que ce soit à Sarnia en Gaspésie, à Pembroke, en Ontario ou dans les rues dévastées d’Haïti, le but est d’aider à aider.

La recherche clinique prends son temps. Entre l’idée et la mise en place, beaucoup de dialogue. Mais toujours le même but : Améliorer l’intervention, peu importe la réalité.

PS

Après près de 30 ans à l’urgence du Douglas, je viens d’accepter un poste dans un hôpital de jour, le Crossroads. Je voulais en profiter pour dire merci à Judith, Claudette, Diane, Carole, Josette, Alain, Denis, Danièle, Sophie, Ginette, Gaston, Mario, Yvan, Bruce, Othello, Michel, Maude, Marie, Charles, Manon, Caroline, Marc et tous les autres.

Votre « dialogue amorcé par une équipe d’infirmières en psychiatrie » m’inspire encore…Merci


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Catégorisé dans Soins infirmiers, Travail en psychiatrie.

Publié le 09 fév 2010

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Un commentaire à Le triage de la détresse psychologique en urgence générale

  1. Ray Barillaro
    Le 15 fév 2010 à 10:35
    Répondre

    Congratulations on you new posting I’m sure you will do very well..they are getting a very knowlegdable and kind person..

    Ray