Pratique artistique portative

Depuis bientôt un an j’écris une chronique dans le magazine Communiqu’art . Communiqu’art est disponible en version papier six fois l’an par abonnement mais aussi en version web. Ce magazine s’adresse principalement aux artistes et personnes intéressées par la création artistique. C’est une façon pour moi de faire connaitre l’art thérapie par le biais des arts visuels plutôt que de la plus traditionnelle route de la psychologie. C’est une artiste lectrice de mon blogue qui m’a mise en contact le responsable André Chapleau après avoir lu mon texte sur l’inspiration qui a été repris intégralement par le magazine. Je suis en bonne compagnie avec des personnalités connues telles que Seymour Segal et Raoul Duguay pour n’en nommer que quelques uns.

Artiste: Leveck 2006
Artiste : Leveck 2006

Comme je viens tout juste de recevoir la version papier de juin-juillet, je vous livre ici le contenu de ma chronique. Cette chronique parle donc de l’importance d’une pratique artistique qui se doit d’être régulière en pouvant s’adapter aux changements et en devenant en quelque sorte portative. Comme le thème proposé était Canicule, j’ai cru bon parler d’un kit de création, soit un ensemble de matériaux conservés dans un étui, une boite, un sac à dos prêt à partir en voyage, en tournée, et accompagner les déplacements afin que la création trouve sa place et s’ajuste à nos vies en perpétuel mouvement mais surtout remplies par trop d’obligations. Donc pas d’excuse.

PRATIQUE ARTISTIQUE PORTATIVE

Comme c’est le début du printemps et que le temps magnifique pousse les plus casaniers à mettre le nez hors de leur atelier, l’instinct d’aller voir ailleurs se réveille. Changer d’air dit-on, question de se ré-énergiser, de revigorer ce senti essentiel à la création. Le printemps ramène la caresse d’un vent plus clément sur notre peau, la richesse des odeurs de terre qui se réchauffe, le piquant des bourgeons gorgés de sève poivrée ou tout simplement la beauté d’une palette incontournable de verts, ocres et roses des feuilles émergentes. Ah ! Que cela fait du bien de sortir de nos cabanes à air artificiellement chauffé durant nos longs mois d’hiver.

Fast forward plusieurs semaines et vlan ! La générativité du printemps fait place à la luxuriance de l’été, parfois à la sécheresse aux chaleurs accablantes qui ralentissent tout. L’atelier à besoin d’être aéré, l’artiste a besoin de prendre l’air, mais pour continuer à être actif il lui faut ajuster la pratique. Comment ajuster une pratique artistique pour l’adapter au tourbillon de nos vies ? Tout artiste devrait pouvoir profiter de la température clémente qui dure si peu ici, au Québec.

Il n’y a pas si longtemps que le thème de la continuité de la pratique dans des conditions défavorables a généré beaucoup d’intérêt au sein du forum de discussion que j’anime auprès de collègues art-thérapeutes. Tout comme les profs d’art, les art-thérapeutes déploient leurs énergies pour encourager la création des autres, et non la leur. Certains d’entre eux abandonnent malheureusement la création artistique, faute de temps et parfois d’espace. Comment faire pour faire la place à ce besoin de créer même à temps partiel, même sans atelier, même sans endroit spécifique ?

J’aurais tendance à vouloir m’inspirer des artistes paysagistes, ces artistes qui peignent en plein air, qui peignent continuellement ailleurs. Ce sont les seuls à avoir un ‘kit’ plein air attitré! Je ne parle pas d’une tente ou d’un réchaud au gaz, mais bien de leur chevalet portatif et de leur mallette remplie des matériaux essentiels en version petit format. Rien de tel pour les adeptes des techniques d’imprimerie ou de la peinture acrylique. Pas de mallette ou sac aux poches consacrées aux flacons mini-format de peinture ou médium acrylique. Mais, me direz-vous, ce n’est pas si difficile à faire soi-même et je vous donnerai raison : c’est ce que mes collègues art-thérapeutes avaient proposé. L’adaptabilité passait non seulement par la création d’un kit portatif à construire selon les besoins et la spécificité de la pratique, mais aussi par l’ajustement des formats et si possible des médiums utilisés en fonction des contraintes du temps et de place. C’est le même principe qu’en voyage, avec peut-être en moins (ou surtout en plus) la contrainte du temps. Le kit essentiel ne se limite pas non plus à un cahier de dessin à la mine, au fusain ou à l’aquarelle. Le kit peut contenir colle et papier collage, crayons de couleur, bâtons d’huile ou autres. Un artiste peut s’en composer plusieurs selon son inspiration. Les artistes qui, comme moi, privilégient les techniques mixtes devront peut-être réfléchir davantage et restreindre leur choix.

Le but est de pouvoir pratiquer dans des endroits et à des moments qui ne sont pas réservés à la seule création artistique, dans ces entre-deux de la vie, lors de pauses ou de déplacements. Le kit doit impérativement être portable : l’artiste doit, durant les journées de canicule, au bord d’une piscine, au bord de la mer, au sommet d’une montagne ou assis dans un train, pouvoir continuer à explorer et à produire, somme toute à canaliser cette créativité qui, elle, ne prend pas de vacances !


Classé dans , , .

Catégorisé dans Création, Thérapie.

Publié le 02 juin 2009

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

2