Troubled loners

(SVP, voir plus bas pour la version Française)

Life can be filled with moments of pure joy at times – the birth of a child, the warmth of love, the goose bumps felt when listening to music that inspires you – but unfortunately tragedy and grief are also part of the human experience. We witnessed this recently with the death of two of our soldiers. Seeing pictures of grieving loved ones and imagining children growing up without a father wrenches the heart.

Inevitably we start to look at killers and what motivates them. We can blame radical Islam, we can blame political forces, we can say these were the acts of two lone wolves but inevitably there is always talk of mental illness. In a sense we always think a person must have been “crazy” to do such a thing. Whether we like it or not mental illness always seems to get a bum rap when such events occur.

First and foremost it is important to realize that mental illness is not a single condition and those suffering from mental illnesses are not dangerous. While there is a slight increase in aggressive behaviour, the mentally ill are far more often victims of crime than the perpetrators. More importantly, they are far more likely to kill themselves than anyone else.

The issue with anything ‘mental’ is that we tend to associate attitudes and actions with free will. I happen to suffer from psoriasis but I don’t see in me any desire to have bad skin. The disease seems to dictate what it will do, not me. But what of my brain? What makes a man develop paranoia or a drug addiction? What puts some people on the margins of society? The brain is our most complex organ and like all organs it too can be subject to dysfunction.

My brain controls my muscles. If I have Parkinson’s my movements lose their fluidity. No one would question the fact that my brain isn’t working normally. But my brain also controls my attitudes, perceptions and emotions. How do we distinguish between actions resulting from “normal” brain functions and those resulting from illness?

I won’t speculate what was going on in the minds of the two killers. Suffice it to say they were troubled in some ways and lost in the world. There are many individuals like that – ones looking for answers and a meaning to their lives. Inevitably they come across someone willing to provide them with the answers. Answers don’t actually have to make sense. They just have to be easy to believe.

Simple beliefs of good guys versus bad guys will always find followers. If we took a group of forty hockey players and randomly handed them a Montreal Canadiens or a Boston Bruin jersey, how long do you think it would take to see a group of ‘good hard-working boys’ versus a bunch of ‘goons and cheats?’ The same thing happens when we talk of believers versus infidels.

So do we blame mental illness? Perhaps. But who can blame someone for having a disease that makes him vulnerable to the paranoid ranting found on the Internet? And if it is not disease then what do we blame? Our human tendency to think in groups, to create an us and them world? Our resulting inability to distinguish between the label a person represents and the individual behind that label? Our tendency to want answers we can’t have about why we are all here and what happens when we die? I think so. And if this is mental illness then we are all mentally ill.

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Voici la version Française, publié dans le Journal Métro le 4 novembre, 2014.

Les solitaires troublés

La vie peut être remplie de pur bonheur (la naissance d’un enfant, la chaleur d’un amour, la chair de poule ressentie à l’écoute d’une musique qui nous transporte), mais malheureusement, elle est aussi faite de tragédies et de chagrins. Nous en avons été témoins, récemment, lors du décès de deux de nos militaires. Cela brise le cœur de voir ceux qui pleurent leurs disparus et d’imaginer les enfants qui grandiront sans leur père.

Inévitablement, notre regard se porte vers les tueurs et leurs motivations. On peut blâmer les islamistes radicaux, les forces politiques, on peut dire qu’il s’agit du geste de deux loups solitaires, mais on en revient toujours à parler de maladie mentale. Nous sommes portés à croire qu’une personne doit être atteinte de «folie» pour poser un tel geste. Et la maladie mentale semble avoir le dos large lorsqu’un tel événement se produit.

D’abord, la maladie mentale n’est pas constituée d’un unique trouble, et ceux qui en souffrent ne sont pas dangereux. Même si on constate une légère hausse de l’agressivité chez la personne atteinte de maladie mentale, celle-ci a beaucoup plus tendance à être victime d’un crime qu’à en être l’auteur. Et surtout, elle est beaucoup plus susceptible d’attenter à sa vie qu’à celle des autres.

Le problème, avec tout ce qui a trait au « mental », est que nous avons tendance à associer les actes au libre arbitre. Par exemple, je souffre de psoriasis, mais je n’ai aucun désir d’avoir des problèmes cutanés. Cette maladie semble prendre le contrôle, et pas moi. Mais, qu’en est-il du cerveau? Qu’est-ce qui fait qu’on devient paranoïaque ou dépendant de la drogue? Qu’est-ce qui place certaines personnes en marge de la société? Le cerveau est notre organe le plus complexe, et comme tous les organes, il peut faire l’objet d’une dysfonction.

Le cerveau contrôle les muscles. Si je souffre de la maladie de Parkinson, mes mouvements perdront de leur fluidité. Personne ne remettra en question le fait que mon cerveau ne fonctionne pas normalement. Mais mon cerveau contrôle aussi mes attitudes, mes perceptions et mes émotions. Comment établissons-nous la distinction entre les actes qui résultent des fonctions « normales » du cerveau, et ceux qui résultent de la maladie?

Je n’avancerai pas d’hypothèses sur ce qui a pu traverser l’esprit des deux tueurs. Ils étaient probablement perturbés d’une façon ou d’une autre et se sentaient perdus dans ce monde. Bon nombre d’individus dans cet état  recherchent des réponses et un sens à leur vie. Ils finissent toujours par tomber sur quelqu’un qui sera disposé à leur fournir des réponses, lesquelles n’ont pas besoin d’avoir du sens. Elles doivent simplement être faciles à croire.

La croyance simpliste voulant qu’il existe des bons et des méchants aura toujours ses adeptes. Prenons un groupe de 40 joueurs de hockey et distribuons leur au hasard, un chandail des Canadiens de Montréal ou des Bruins de Boston, combien de temps faudrait-il pour que nous voyions un groupe de « bons travailleurs », contre un groupe de « fiers-à-bras tricheurs »? Le même phénomène se produit lorsqu’il s’agit de croyants et d’infidèles.

Alors, faut-il rejeter la faute sur la maladie mentale? Peut-être. Mais qui peut reprocher à quelqu’un de souffrir d’une maladie qui le rend vulnérable au charabia paranoïde que l’on trouve sur Internet? Et si ce n’est pas sur la maladie, sur quoi jetterons-nous le blâme? Sur notre tendance humaine à compartimenter, à créer un monde fait de « nous » et d’« eux »? Sur notre incapacité à établir la distinction entre l’étiquette qu’une personne représente et la personne derrière cette étiquette? Sur notre désir un peu trop intense parfois, à rechercher des réponses sur les raisons de notre présence ici et sur ce qui nous arrive après la mort? C’est ce que je crois. Et si la quête de sens est une maladie mentale, alors nous en souffrons tous.


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Posted in Human nature, Mental health.

Posted on 04 Nov 2014

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